Home A la une Adaptation Basée sur les Ecosystèmes dans la conservation de la biodiversité au sein...

Adaptation Basée sur les Ecosystèmes dans la conservation de la biodiversité au sein du Parc National des Trois Baies : Impacts et perspectives d’avenir

76
0
SHARE

Adaptation Basée sur les Ecosystèmes dans la conservation de la biodiversité au sein du Parc National des Trois Baies : Impacts et perspectives d’avenir

Depuis belles lurettes, des recherches de suivi écologique prouvent que la diversité biologique continue de s’appauvrir à un rythme effarant. Selon le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 et les Objectifs d’Aichi publié en juin 2015, il a été prévu qu’en cinquante ans, les activités humaines ont modifié les écosystèmes à une cadence et à une échelle plus grande qu’au cours de toute période comparable de l’histoire de l’humanité. Le taux d’extinction des espèces excède de mille fois le rythme naturel. Les facteurs directement en cause sont la modification des habitats, la surexploitation des richesses naturelles, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, la charge en éléments nutritifs et l’évolution du climat. Or, aucun de ces facteurs ne présente de signe de fléchissement. 18 000 à 55 000 espèces disparaissent quotidiennement de la surface du globe. Grâce aux médias et à l’Internet, le public est  de plus en plus conscient et inquiet des pressions exercées sur la diversité biologique. Les conséquences de nos choix sur les écosystèmes de la planète sont concrètes et patentes. Il s’agit de choix qui concernent tout le monde ; des consommateurs aux producteurs en passant par les décideurs publics. On dit qu’une population éduquée ne saurait être asservie. Cela vaut pour les liens noués entre l’homme et la nature. En fait, l’ensemble des parties prenantes commence à saisir les effets de leurs actes et à accepter leur responsabilité envers les générations futures quant à la préservation de la diversité biologique.

Grâce au financement du Fond Mondial  pour l’Environnement, Haïti a bénéficié du Projet Adaptation Basée sur les Ecosystèmes (EBA). Avec ce projet, plusieurs actions ont été posées en vue de contribuer à la gestion et à la protection des écosystèmes de la montagne à la mer. C’est dans ce contexte qu’une équipe de MEDIA LAKAY a effectué une visite d’exploration dans les départements du Nord et du Nord’Est, notamment au sein du Parc National des Trois Baies faisant partie des Zones Clées de Biodiversité selon le caractère irremplaçable des habitats qu’il préserve. L’équipe de rédaction de MEDIA LAKAY a pu observer la complexité du contexte communautaire dans la performance des aires protégées, susceptibles de porter attention sur les intérêts scientifiques, culturels et des services écosystémiques de ce parc.

Après la création du PN3B en 2013 par arrêté présidentiel, le Ministère de l’environnement a validé la conception de ce projet servant à apporter des activités liées à la gestion du complexe des Trois Baies. Il est à remarquer que le Programme des Nations Unies pour le Développement apporte un support technique appréciable pour la réalisation du projet intitulé « Augmentation de la Résilience des Écosystèmes et des Communautés Vulnérables face aux Changements Climatiques et Menaces Anthropiques par une Approche de la Montagne à la Mer intégrant la Conservation de la Biodiversité et la Gestion des Bassins Versants ».

Au prime abord, il y a des lieux de conservation du parc dont l’espace du Fort Saint Joseph de Fort Liberté où on a pu constater l’existence d’écosystème de mangrove et les possibilités du développement de l’écotourisme compte tenu de l’ampleur historique et esthétique de la zone selon le Directeur de cette aire protégée,  l’Agronome. Liauté PIERRE,

Les interventions de ce projet contribuent à réduire des lacunes caractérisées par la carence de différents moyens nécessaires pour une gestion efficace du PN3B. Ces interventions justifient aussi la nécessité de maximiser les efforts pour une meilleure collaboration des autorités étatiques et des partenaires de développement pour la conservation de la nature

Le projet ABE permet également de renforcer la résilience des communautés locales en appuyant huit Organisations Communautaires de Base (OCB) dans différentes localités du complexe des Trois Baies.Il est à préciser que, suite à des appels à propositions  qui ont été publiés, la plupart de ces organisations ont été sélectionnées et ont réalisé les différentes activités dans leurs zones respectives. Cependant, leurs idées de projet proposées, conçues dans la même ligne directrice du programme ABE, ont été sélectionnées pour bénéficier un appui financier. Parmi les bénéficiaires, on trouver: AFELI (Association des Fermiers de Limonade), FoProBiM (Fondation pour la Protection de la Biodiversité Marine), ADFE, APAPANNE, RPF, AGROPES. Le projet ABE s’est proposé d’encourager et de renforcer des bonnes pratiques sur les versants et aussi dans les plaines. Ce projet a appuyé à l’implantation de forêt énergétique, de reboisement de palétuvier et d’acacia, offrant des activités économiques aux communautés pouvant utiles à aider les gens à bénéficier des revenus pour subvenir à leurs besoins financiers.  Des alternatives économiques de substitution à la pêche pour réduire la surexploitation des poissons et l’abattage des palétuviers, ont été supportées par le projet en appuyant deux programmes de mise en place de ferme apicole à Caracolle.

Le proejt ABE a facilité, entre autre, quelques interventions dans la conservation des sols de certains versants, tels que :

  • Les sols des versants de la ravine Séoulé à Déréal a bénéficié d’un appui pour des activités techniques de conservation des sols de seuils en pierre sèche et de plantation des rampes vivantes. Ces activités ont permis une amélioration des conditions d’existences des exploitants agricoles et de la population victime de cet ouragan. Cette activité a été exécutée par l’Association des Fermiers de Limonade (AFELI) ;
  • L’aménagement des sous bassins versants de la rivière Marion, particulièrement des sections communales de l’oiseau et Bahaya, sur l’habitation de Contiche (quartier d’Acul Samedi, commune de Fort Liberté). Les techniques de seuils en pierre sèche et rampes vivantes ont été des activités de terrains réalisées en lien avec l’organisation ADFE.
  • Et la troisième activité soutenue par le projet ABEa té la conservation des sols explorés est à Capotille, soit sur le bassin versant de Gens de Nantes, exécuté par l’organisation APAPANNE. Les techniques de conservation de sols appliquées sont : des seuils en pierre sèche, les canaux de contour et de rampes vivantes.

Pour assurer une meilleure gestion de la pêche, le programme encourage des pêcheurs à adopter d’autres alternatives économiques afin de réduire la pression sur les ressources marines. Ainsi, à Caracolle, deux projets d’implantation de l’Apiculture ont été appuyés par ABE, l’une sur la section communale de Glaudine et l’autre à Champin. A l’heure actuelle, la ferme apicole au niveau de la section communale Champin à Caracole renferme déjà 75 ruches à production de miel. Selon l’apiculteur Nicoderme Pierre, la production d’une récolte peut rapporter entre 500 et 600 gallons de sirop de miel dont la production peut durer environ 6 mois.

Il est à noter que FOProBim a été recruté pour l’ instauration/le renforcement d’activites apicoles dans les sections communales de champin et de glaudine.a travers cette consultation, un comité de suivi et d’entretien a été mis sur pied.il revient au comité de d’assurer la gestion.

Ce projet supporte également les activités de pêche proprement dite à Philibert au niveau du lac de Lagon aux bœufs avec l’organisation RPF dans la  production de poisson en cage. Il est à noter que l’élevage des poissons en cage au Lagon aux Bœufs priorise la production de poisson rose communément appelé « Tilapia ».

Avec l’organisation AGROPES qui a reçu l’appui du projet ABE, des actions ont été conduites pour la réhabilitation du centre de propagation végétale de Dosmond en vue de renforcer la capacité de production de plantules d’arbres forestiers et fruitiers. Ces actions servent à augmenter la capacité de production de ce centre jusqu’à un million deux cent mille plantules par année.

En somme, notre équipe a observé une vue d’ensemble du complexe PN3B du point de vue de conservation des ressources naturelles qu’il abrite et des actions de résilience réalisées en accord avec le projet ABE. Comme il est relaté par les communautés riveraines et aussi par les responsables de gestion du parc, il y a beaucoup de potentialités à exploiter à l’intérieur et autour de cette aire protégée. Il revient maintenant à l’Etat haïtien à travers le Ministère de l’Environnement et de l’Agence Nationale des Aires Protégées de saisir ces opportunités offertes par les résultats qui découlent des stratégies d’Adaptation Basée sur les Ecosystèmes (ABE). Et Haïti pourra occuper une place importance sur l’échiquier des pays qui se lancent dans la conservation de la biodiversité et dans la protection de l’environnement.

Robenson EUGENE

Journaliste-Rédacteur

Coordonnateur Général de MEDIA LAKAY