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Vers le renforcement de la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles

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Vers le renforcement de la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles

D’après l’EMMUS VI[1], 29% des femmes haïtiennes ont subi une violence physique depuis l’âge de 15 ans ; 34% des femmes non-célibataires ont subi à un moment donné un acte de violence physique, émotionnelle, ou sexuelle, exercé par leur mari ou partenaire. La violence faite aux femmes et aux filles (VFF) n’est pas une affaire privée et domestique. Elle affecte la société dans les domaines, notamment au niveau social et économiques. Elle est intergénérationnelle et cyclique, créant ainsi un cercle vicieux. Les personnes qui ont été victimes ou témoins de violence domestique dans leur enfance ont de moins bons résultats scolaires, ce qui à tour de rôle, limitent la possibilité de travail. Ces témoins ou victimes peuvent eux-mêmes aussi reproduire ces actions violentes au cours de leurs vie. Afin de comprendre ces problématiques et prendre des décisions bien informées, il faut des données fiables sur la population, tant au niveau qualitatif que quantitatif.

Dans ce contexte, la Banque Interaméricaine de Développement (BID) et la DIGICEL collaborent pour lancer un programme pilote qui utilise les téléphones mobiles pour recueillir des données sur les flux migratoires et les opinions sur la violence faite aux femmes et aux filles en Haiti. Cette initiative reflète l’engagement de l’institution à contribuer à la concertation de politiques publiques pour éliminer la violence faite aux femmes et aux filles, tel qu’indiqué dans le cadre de sa stratégie de pays avec Haiti (2017-2021). De plus, elle s’aligne à l’importance mise sur les questions de l’intégration du genre et l’importance de la collecte et de la systématisation des données statistiques autour des questions sociales, telle que la violence contre les femmes et les filles.

Les zones d’influences des principaux parcs industriels du pays sont ciblées : le Parc Industriel de Caracol (PIC), le Parc Industriel Métropolitain (PIM), et la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI). Cette collecte de données utilise les téléphones mobiles à travers la méthode de Robocall, c’est-à-dire des appels préenregistrés et automatisés.  À travers les méthodes de géolocalisations, les abonnés du réseau DIGICEL dans ces zones reçoivent un appel gratuit lors des créneaux horaires choisis. Une fois l’appel décroché, l’enquête débute. Peu importe si le téléphone est intelligent ou un « ede m peze », les dix questions des enquêtes peuvent être répondues en moins de 4 minutes avec l’aide du clavier (pesez 1 ou pesez 2) ; les répondeurs peuvent même répéter les questions et les options de réponse avec la touche étoile (*). Les réponses recueillies lors des deux enquêtes resteront anonymes et confidentielles : les répondeurs n’ont pas à s’identifier et les numéros de portables ne sont pas enregistrés.

La première enquête a été lancée avec succès au début du mois d’août et la deuxième est prévue pour les deux premières semaines du mois d’octobre.

Les réponses aux deux enquêtes constitueront une base de données qui, après analyses, fera sortir des statistiques qui pourront être comparées aux études nationales – comme l’EMMUS – et régionales sur les opinions sur les justifications de la violence conjugale. Les données et résultats des analyses seront partagées avec les acteurs et intervenants concernés par les problématiques des violences faites aux femmes et aux filles.

La BID collabore avec des organisations de femmes qui sont responsables de mener des campagnes de sensibilisation dans les zones concernées afin de mobiliser les populations et les encourager à répondre aux appels. Avant l’enquête prévue pour le mois d’octobre, elles ont lancé une campagne d’éducation et de sensibilisation autour des problématiques liées à la violence faite aux femmes et aux filles et des services de soin et de support disponibles dans leurs zones respectives.

L’usage des Robocall pour obtenir des informations relatives au comportement social de la population (tout ce qui a attrait aux croyances, l’emploi, et la sécurité) est une des premières en Haiti. Les autres initiatives concernaient les élections ou les campagnes de marketing. La BID espère que ce projet pilote permettra à faire usage de cette méthode plus fréquemment dans d’autres domaines.

Cliquez sur le lien suivant pour écouter un message audio : https://soundcloud.com/media-lakay/lutte-contre-la-violence-faite-aux-filles-et-aux-femmes

Source : Pierre-Antoine, Sahita / Consultante, Genre

[1] Institut Haitien de l’Enfance (IHE) et ICF. 2018. Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS VIC 2016-2017)  Pétion-Ville, Haiti, et Rockville, Maryland, USA : IHE et ICF