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À la mémoire de mon collègue et ami Dr. Robert Joseph par Dr. Max MILLIEN

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J’étais assis tranquillement  à ma table de travail ce matin du jeudi 02 juin pour m’occuper de mes activités de recherche quand il me venait à l’esprit de démarrer la journée par m’enquérir des nouvelles informations publiées sur WhatsApp. Dès ma première lecture,  mes yeux se trouvaient figés sur un message mortuaire envoyé par l’agronome Emmanuel Prophète annonçant le décès de mon collègue et ami Dr. Robert JOSEPH. Je n’en croyais pas mes yeux et ne voulais pas non plus croire à cette terrible nouvelle.  J’ai lu et relu le message pour me convaincre de sa véracité. Aussitôt, des larmes coulaient sur mes joues et des sons plaintifs et étouffés sortaient, malgré moi, de ma gorge jusqu’à attirer l’attention du personnel à mon service qui se trouvait au rez-de-chaussée de la maison. Puis, après environ une vingtaine de minutes, j’en venais à  appeler sa cousine Myantha qui me confirmait la  disparition de notre cher Bob. Pendant de longues minutes, elle et moi ne pouvions pas parler. Nous nous mettions à pleurer chacun de son côté au bout du fil, ne sachant trop bien quoi dire.

Je ne pouvais  penser à  une fin aussi soudaine de Bob car, tandis que j’étais en voyage  aux USA durant la deuxième quinzaine du mois  de mai écoulé, je recevais de lui à la date du 22 mai écoulé, un message  m’invitant à la prudence en ce temps de la pandémie de Covid-19. Je m’étais proposé de l’appeler dès mon retour mais  je ne puis expliquer ce qui m’avait retenu de le faire tant j’avais envie de lui parler. Car on discutait souvent de différents sujets  et particulièrement de la gouvernance universitaire, thème qu’il semblait affectionner  par-dessus tout, sans doute, à cause  de sa dernière fonction de Vice-recteur à l’Université Episcopale d’Haïti. Vous comprenez, mesdames et messieurs, toute mon émotion face à la perte de ce collègue et frère en un temps si court.. Aussi, vois-je, en une fraction de seconde, défiler devant moi, comme dans un film en accéléré, les heureuses années de notre vie étudiante à  la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) et celles qu’on avait passées ensemble à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, France.

 Ma première rencontre avec Bob

Notre première rencontre remonte au dernier trimestre de l’année 1967, plus particulièrement au mois de novembre, quand nous fumes admis tous les deux au concours d’admission à la FAMV. On ne se connaissait pas encore car Bob venait du Nord et avait fait  toutes ses études secondaires au Lycée Philippe Guerrier du Cap Haïtien et moi, à Port-au-Prince, au Lycée Toussaint Louverture avec des camarades comme Michel Lajoie et François Severin. Dans cette ville du Nord, ledit lycée était alors reconnu par tous pour être en compétition avec le Collège Notre Dame de la même ville, une école religieuse qui avait et a encore une excellente réputation. Point n’est donc besoin de vous dire que ces deux écoles offraient à la jeunesse de ce département une formation classique de qualité dont s’enorgueillissaient tous les nordistes. D’ailleurs, pour nombre de matières, celles-ci se partageaient les meilleurs professeurs dont le plus éminent a été sans conteste M. Claude VIXAMAR, professeur de français dont la renommée de fort en thème et de brillant improvisateur dépassait le cadre de son  département géographique. J’aimais entendre mes camarades de la FAMV, anciens élèves du Collège et du Lycée Philippe Guerrier chanter ensemble les louanges de ce professeur tant aimé. Et Bob qui était doué d’une prodigieuse mémoire se plaisait à sortir  de temps en temps une tirade d’un des nombreux discours du professeur Vixamar, rituel qu’il allait renouveler  durant tout le cycle de  notre formation.

Notre vie  étudiante à la FAMV

Notre promotion, celle de 1967-1971, a été forte, au départ, de 65  étudiants desquels 59 ont été diplômés agronomes. Dans cette cohorte, se retrouvaient des jeunes gens pleins de verve et d’ambition qui provenaient des principales  écoles secondaires des différents départements de la République. A noter que bon nombre d’entre eux figuraient dans leur établissement d’origine parmi les premiers de leur classe au niveau du secondaire. Citons quelques-uns, malheureusement aujourd’hui décédés  comme Dumond Cicéron du Petit Séminaire Collège  St Martial, Fritz Boutin du Lycée Philippe Guerrier des Cayes et bien sûr Robert Joseph du lycée Philippe Guerrier du Cap Haïtien. Celui-ci a pu justifier durant  son parcours à la FAMV tout le bien qu’on pensait de lui alors qu’il était en classes primaires à l’Ecole des Frères de l’Instruction Chrétienne de la Grande Rivière du Nord, son village natal, et plus tard au lycée.

A la FAMV, Bob s’était comporté comme un étudiant discipliné, appliqué et rigoureux, qualités qui le faisaient  classer parmi les  premiers de la promotion. Il avait fait montre de ces mêmes valeurs académiques durant ses études vétérinaires en France où  il avait obtenu également  beaucoup de succès.

L’homme était jovial avec un rire saccadé qui faisait danser doucement tout son corps et surtout ses épaules. Il aimait les bonnes blagues mais  ne tolérait pas  les  écarts de langage et de comportement qui frisaient les  grivoiseries. Il était entier et loyal avec un tempérament fort qui s’exprimait à travers son franc-parler sans toutefois jamais chercher à blesser quiconque. Il n’était donc pas du genre à accepter n’importe quelle plaisanterie et s’évertuait, de son côté, à respecter toujours les limites de la bienséance et du savoir-vivre dans ses relations avec autrui. J’aimais bien son style direct, franc mais jamais discourtois qui vous donnait l’assurance d’avoir affaire à un homme de bien qui n’avait aucune place dans son cœur pour l’hypocrisie  et la rancune.

Les étudiants de l’époque étaient  de véritables pensionnaires qui logeaient dans l’enceinte de la Faculté et recevaient gratuitement leur alimentation trois fois par jour. Quatre grandes salles desservies par des toilettes modernes et des douches  faisaient office de dortoirs pour les hommes et il y avait un petit dortoir pour les trois filles de notre promotion, Jacqueline Sanon, Altagrâce St Louis et Danielle Avin. Mais celle-ci n’en faisait pas tellement usage.

Il y avait deux vies dans l’enceinte de la FAMV : l’une était  celle où les étudiants se retrouvaient sur la cour, dans les salles de classe ou sur le terrain et l’autre, celle qui se déroulait dans les dortoirs. Dans ce dernier espace, Il s’était développé un esprit convivial et des habitudes de vie particulières entre les occupants d’un même dortoir, ce qui explique que, même les étudiants qui affichaient, dans un premier temps, un  tempérament retors finissaient, à la longue,  par épouser le moule façonné par la majorité des étudiants. Les taquineries, les petits conflits alternaient souvent avec des blagues désopilantes pour déboucher presque toujours sur de grands éclats de rires.  Je n’étais pas dans le même dortoir que Bob mais la situation était presque pareille dans tous les dortoirs. Aussi, Bob avait-il eu des relations privilégiées avec bon nombre de camarades avec qui il partageait le dortoir comme Jacques Civil, Jean-Claude Charles, William Michel, François Jean Baptiste, Jean-Claude Séverin, Dumond Cicéron,  Wilson Durand, Denis Dalien. Malheureusement, à l’exception des deux derniers, tous les collègues mentionnés sur cette  liste sont déjà décédés.  Quant à moi, je me retrouvais avec des camarades comme Pierre Michel Thalès, Michel Lajoie, Alix Raymond, Wagner Auguste, Joseph N. Pierre, Charles Joazile, Roland Venance Noel,  Felix Jérôme et j’en passe.

C’est ainsi que s’était développé dans le temps le fameux concept « l’esprit de Damien », fait  de discipline, de convivialité et de solidarité qui fut si cher aux agronomes d’antan. Cet esprit avait pris naissance dans les dortoirs et invitait les uns et les autres à se considérer comme des alliés naturels. Il contribuait à façonner, à de rares exceptions près, ceux qui parvenaient à occuper de hautes fonctions dans l’administration publique du Ministère de l’Agriculture de manière  à ne pas avoir de penchant malsain pour détruire leurs confrères subalternes même quand ils avaient des différends entre eux sans toutefois tomber dans la permissivité car on ne négligeait pas de réprimander, de sanctionner tous ceux qui commettaient des fautes administratives graves.  Et quand plus tard, le Dr. Robert Joseph avait gravi les échelons administratifs pour devenir en 1986 Directeur général-adjoint de ce ministère, ce fut avec plaisir qu’il m’a été donné de constater qu’il s’était laissé imprégner par cet esprit de Damien qui le faisait traiter toujours ses confrères  avec respect,  dignité et équité.

Sa formation à  l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse

Ses études agronomiques se sont déroulées sans problème. Et quand en quatrième année, c’est-à-dire en 1971, la France offrit des bourses de Médecine Vétérinaire, il s’empressait de soumettre sa candidature pour l’une de ces bourses à la Mission française de Coopération et d’Action culturelle comme le faisait également un autre brillant étudiant de la promotion, Joseph Jolivert Toussaint. Sur la base de leur dossier, ils ont été tous les deux acceptés et envoyés à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse en France en tant que boursiers du gouvernement français. Heureux temps où les diplômés de la FAMV étaient automatiquement employés par le Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR)! Les deux étaient  partis en France avec leur lettre de nomination en poche.

Au cours de l’année suivante, la mission Française me proposa également une bourse de Médecine Vétérinaire. Et c’est ainsi que je m’étais retrouvé avec eux à Toulouse au cours de l’année 1972. Mais mon premier choix n’était pas la Médecine vétérinaire mais de préférence l’économie agricole ou la génétique. Je me rappelle être arrivé à l’Ecole avec une semaine de retard. Bob me servait de mentor car il avait une grande facilité pour prendre des notes et savait dessiner mieux que moi tout comme mon bon ami Jolivert Toussaint que je  connaissais déjà à la Faculté de Droit et des Sciences Administratives de Port-au-Prince avant d’entrer à la FAMV.

Les études vétérinaires n’étaient pas chose aisée car, pour passer d’une année à  l’autre, il fallait obtenir la moyenne dans toutes les matières. L’échec dans une seule discipline conduisait à reprendre l’année avec toutes les matières même celles pour lesquelles on avait obtenu le maximum. Heureusement, ce système a changé depuis.. Mais il faut dire que Bob et Jolivert se retrouvaient comme des poissons dans l’eau malgré ces contraintes. Aussi, l’agronome Robert Joseph soutenait-il sa thèse de doctorat en médecine vétérinaire sur l’alimentation avec la mention « Excellent », ce qui faisait la fierté de tous les Haïtiens présents à la séance de soutenance.

Des moments d’escapade en dehors des études

Bob et moi avions passé de bons moments ensemble en dehors des études. Nous allions  chaque dimanche à l’église toujours bien vêtus portant costume et cravate. A la vérité, je ne faisais que suivre le rituel instauré par Bob et Jolivert. Et nous profitions quelquefois du beau temps pour  rendre visite à des  amis haïtiens qui vivaient dans les cités universitaires.

J’ai  encore souvenance des vacances agréables que Bob et moi avions passées ensemble au mois de décembre 1975 en Espagne, plus particulièrement à Costa Brava. Un autre camarade de notre promotion à la FAMV, Jean Marie Binette, faisait également partie de ce tour. Et l’on s’amusait beaucoup tous les trois, que ce soit à la plage ou dans la belle ville de Barcelone où, durant les soirées, l’on buvait de la sangria mais sans excès. De telles expériences ont  contribué à raffermir nos relations au fil des ans.

Tout le long de nos études, chacun se rendait aux USA et au Canada durant les vacances d’été pour visiter sa famille et ses amis. Bob en profitait pour rendre visite à sa famille aux USA et à sa fiancée qui étudiait le secrétariat à Kingston, Jamaïque. Celle-ci n’avait pas tardé à s’établir à Montréal, Canada et à devenir sa femme.

Le retour du Dr. Robert Joseph en Haïti

Ses études vétérinaires terminées, le docteur Robert Joseph  avait vite pris le chemin du retour en Haïti pour venir rejoindre  le docteur Fred Calixte qui, deux ans auparavant, venait d’être diplômé de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort à Paris. Celui-ci, à son retour,  assistait le docteur Elysée Eustache, le premier vétérinaire haïtien, à la tête du Service de Santé animale. Mais le docteur Eustache ne tardait pas à  laisser le pays pour aller s’établir définitivement avec sa famille au Canada. Avec la présence en Haïti du docteur Joseph et du docteur Toussaint en 1976, s’était  formé un trio de médecins vétérinaires qui se défonçaient corps et âme pour lutter contre les principales maladies animales sévissant dans le pays. Il leur fallait à eux trois assumer les fonctions des services vétérinaires nationaux: campagnes de vaccination, déparasitage interne et externe, quarantaine animale, soins vétérinaires curatifs, contrôle sanitaire des aliments, laboratoire, etc.. C’était vraiment le cas de dire que la moisson était abondante et les ouvriers peu nombreux. Bob a su apporter une contribution hautement significative au renforcement des services vétérinaires. Parallèlement, il desservait la clientèle  de Port-au-Prince  en organisant  sa propre clinique vétérinaire. Dans les différentes facettes de sa carrière, Il a toujours projeté l’image d’un professionnel doté d’un sens élevé de responsabilité et d’un amour charnel pour son pays.

Mon retour au pays et ma collaboration avec le docteur Robert Joseph

En février 1977, j’étais revenu au pays  pour y  former le quatuor de médecins vétérinaires.. Mais je n’étais pas intégré au Service de Santé animale puisque j’étais parti en France sous  la tutelle de la FAMV dans le but de contribuer au renforcement de  la restructuration de cette institution.. Aussi, étais-je quelques mois, après mon retour, nommé d’abord professeur d’Anatomie et de Physiologie animale à la FAMV, puis Directeur-adjoint du département de production animale de cette Faculté pour en devenir quelques huit mois après le directeur. Entretemps, je continuais de développer des relations étroites de coopération avec mes collègues du Service de la Santé animale à qui je prêtais main forte quand il y avait des activités de formation et d’inspection  à réaliser sur le terrain.  A  ma demande, le docteur Joseph était venu rejoindre ses deux collègues, Dr Calixte et Dr Toussaint, comme professeur à la FAMV.

Et quand survenaient les premiers cas de peste porcine africaine en République Dominicaine en 1978, ma coopération avec le Service de santé animale s’intensifiait au point que les autorités hiérarchiques du MARNDR en venaient à me confier la charge de diriger le laboratoire de diagnostic vétérinaire du MRNDR en plus de mes attributions de directeur du département de Production animale et de professeur à la FAMV. Je collaborais donc de manière étroite avec tous mes collègues vétérinaires et agronomes pour essayer d’abord, de prévenir l’introduction de cette maladie en Haïti, puis pour  contenir sa propagation et, devant l’échec des mesures de lutte préventive, enfin pour assurer son éradication. Le docteur Joseph jouait dans cette croisade un rôle de premier plan en fournissant de très bonnes prestations en tant que cadre du Service de la santé animale.

Sa nomination comme  haut dirigeant au MARNDR

A la chute du président Jean Claude Duvalier en 1986, sous la présidence du général  Henry Namphy, le docteur Robert Joseph a été appelé par le ministre de l’Agriculture Montaigu Cantave pour occuper le poste de Directeur général du MARNDR. Mais au final, il avait préféré accepter le titre officieux de Directeur général-adjoint qu’il conservait sous l’administration du ministre de l’agronome Gustave Ménager jusqu’à février 1988, puis plus tard sous celle du ministre Damaxe Sidnéus de juin 1988 à septembre 1988.  Mais ce poste  n’était pas prévu officiellement  dans la structure administrative de ce ministère, ce qui l’a empêché de bénéficier, par la suite, des avantages liés à cette fonction, c’est-à-dire avoir une pension décente  au moment de sa retraite. Mais il ne s’en plaignait jamais,  assumant pleinement le choix qu’il avait délibérément fait.

Sa fonction de Doyen à la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire

Le poste de Doyen de la Faculté d’Agronomie et de Médecine vétérinaire  lui fut proposé par le ministre de l’Agriculture Jacques Backer. A cette époque, les ministres de l’Agriculture avaient encore la latitude de procéder à la nomination des doyens de ladite Faculté. Mais la façon de faire déplaisait grandement aux étudiants ainsi qu’au corps professoral de la FAMV qui n’hésitaient pas à le faire savoir aux autorités du MARNDR, ce qui avait donné lieu à une forme de grabuge téléguidé par le Ministère. Le docteur Joseph avait fini par s’installer comme Doyen et diriger la Faculté pendant un certain temps. Mais, il avait toujours un pincement de cœur à cause des  actions de dérapage qui s’étaient produites lors de son installation quoiqu’il n’en fût pas directement responsable. Il en avait gardé un souvenir amer et n’avait jamais raté l’occasion de m’exprimer ses regrets pour ce fâcheux incident. Aujourd’hui, je puis témoigner que le docteur Joseph a été toujours un homme de paix et de dialogue qui faisait fi de toute forme de violence tant dans sa vie privée que publique.

La fonction de Doyen  a été pratiquement son  dernier poste sur le campus de Damien. Depuis, il s’était consacré presqu’exclusivement pendant un certain temps à faire fonctionner sa clinique vétérinaire privée et à travailler comme consultant indépendant. Ainsi, réalisait-il des études pour différentes institutions dont le MARNDR en même temps qu’il reprenait goût à l’enseignement supérieur au niveau de l’Université Episcopale.

Son dernier poste de Vice-recteur à l’Université Episcopale d’Haïti

Son dynamisme en tant que professeur et sa vive intelligence avaient vite porté les responsables de l’Université à lui offrir le poste de vice-recteur qu’il a occupé avec compétence et un sens élevé de responsabilité jusqu’à sa mort. A cette fonction, il était porteur de plusieurs dossiers dont ceux de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), de l’Ecole Doctorale et de la CORPUHA. En effet, le docteur Joseph a été désigné par le Recteur pour représenter   l’Université Episcopale à la Conférence des Recteurs, Présidents et Dirigeants d’Universités et d’Institutions d’Enseignement supérieur haïtiennes (CORPUHA), ce qu’il a fait avec brio pendant plusieurs années.

Profitant de ses rares instants de répit, il avait lancé, de concert avec un autre agronome de la promotion, Jean Max Beauduy, la création du  Collectif des ingénieurs-agronomes de la promotion 1967-1971 de la Faculté d’Agronomie et de Médecine vétérinaire (CIAP) dans le but de créer un espace de rencontre et de concertation pour les  agronomes survivants de la promotion. Hélas ! Comme l’avait fait remarquer, dès le départ, l’un de nos collègues un peu philosophe, l’agronome Jean Marie Binette, nous avions peut-être pris cette initiative un peu trop tard car la moitié de la promotion est déjà sur  l’autre  rive du grand fleuve de la vie. Ce  Collectif caressait, entre autres,  l’idée d’organiser les festivités de la célébration du 50ème anniversaire de la promotion 1967/1971 sous la patronage de son Président qui n’était autre que le Dr. Robert Joseph.

La culture humaniste et les qualités de cœur de Bob

Tout au long de ses différentes fonctions, le docteur Joseph a fait montre d’une grande culture humaniste dont l’une de ses expressions a été l’élégance de son verbe et de sa prose. On l’écoutait parler avec plaisir et on le lisait également avec ce même plaisir..

Je m’en voudrais de terminer cet hommage sans faire état des principales qualités humaines de Bob qui le faisaient tant apprécier de ses amis, de ses collègues et, particulièrement, de tous les membres de sa famille. Il aimait ceux-ci avec chaque fibre de son cœur et avec toute la force de son âme. L’homme était charmant, généreux et plein de compassion. Chacun savait qu’il pouvait compter sur lui en toute circonstance si les circonstances l’exigeaient. Il avait donné un sens noble au concept de la famille élargie en aidant toujours, autant que faire se peut, ses plus lointains parents.

 

Parents et amis éplorés, Mesdames et Messieurs,

Je comprends donc votre angoisse, votre tristesse, vos lamentations face à un départ si brusque. Mais consolez-vous à l’idée d’avoir eu dans votre famille un homme qui a  su faire  œuvre qui vaille et qui  été toujours drapé dans le manteau de l’honnêteté, de la dignité  et de la verticalité.

En cette pénible circonstance, permettez-moi donc de présenter mes plus  sincères condoléances à ma chère amie Bertha, en  proie à une souffrance  indicible, aux enfants de Bob que celui-ci a tant aimés, à  ses sœurs et frères,  ses  cousins et cousines, ses neveux et nièces qui l’ont tant chéri et adoré.

Mes condoléances s’adressent également aux agronomes survivants de la promotion 1967/1971, aux collègues vétérinaires  principalement Dr Fred Calixte et famille, Dr. Jolivert Toussaint et famille qui sont, sans aucun doute, en train de vivre ce départ comme un cauchemar.

Elles vont aussi au personnel et aux étudiants de l’Université Episcopale, aux autorités religieuses de l’Eglise Episcopale, aux membres de la CORPUHA, à la Communauté universitaire, enfin à tous les amis et parents affectés par ce deuil.

Consolez-vous de cette dure épreuve ! Rappelez-vous ces quelques vers intimistes de Ellen BRENNEMAN :

Ne pense pas à lui comme parti

Son voyage vient de commencer

La vie tient tant de facettes

Cette terre n’en est qu’une …

Et pense  à lui comme vivant dans le cœur de ceux  qu’il a touchés.

Adieu, mon cher camarade et ami Bob

Tes collègues, parents, amis ainsi que toute la communauté universitaire te saluent bien bas et te remercient pour toutes les joies que tu leur as procurées durant ton passage sur cette terre

Que ton âme  repose en paix !