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Vers la résilience des écosystèmes et des communautés avec des actions adaptées de la montagne à la mer dans le Sud’Est

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Vers la résilience des écosystèmes et des communautés avec des actions adaptées de la montagne à la mer dans le Sud’Est

« Qu’il s’agisse des espèces ou des écosystèmes, la diversité biologique est indispensable à la santé et au bien-être de l’espèce humaine. J’exhorte tous les acteurs tels que gouvernements, entreprises et société civile à agir pour notre planète, la seule dont nous disposions, et à prendre de toute urgence des mesures de protection et de gestion durables pour préserver la vie dans toute sa richesse et sa fragilité. » a déclaré Monsieur António Guterres, Secrétaire général de l’ONU.

L’Equipe de Media Lakay a sillonné les différents départements géographiques du pays dans le cadre de la valorisation des ressources naturelles et autres potentialités du territoire national. C’est ainsi qu’on a pu observer des interventions qui pourraient attirer l’attention. L’un des acteurs qui interviennent dans ce département en ce qui concerne la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité est l’un des leee projest d’Amélioration de la résilience des écosystèmes et des communautés vulnérables au Changement Climatique et aux menaces anthropogéniques à travers l’application d’une approche de la montagne à la mer de la conservation de la biodiversité et la gestion des bassins versants communément appelé ABE (Adaptation Basée sur les Ecosystèmes)

En effet, des visites de terrain se sont déroulées à Anse-à-Pitres, Thiotte, Grand Gosier et Belle-anse. Le département du Sud’Est contient des sites protégées extraordinaires parmi lesquels on trouve :

1.- Le Parc Communal Cacique Henri qui est une aire protégée déclarée par arrêté municipal de Mairie d’Anse-à-pitres. Il contient les objets de conservation comme le lézard record de non scientifique : Cyclura ricordi, l’Iguane rhinoceros de non scientifique : Cyclura cornuta, la Grotte Garême qui date depuis la colonie.

Il est à souligner que Cyclura ricordi, également appelé Cyclure de Ricord est une espèce de sauriens de la famille des Iguanidae, endémique de l’île d’Hispaniola où on la rencontre dans la partie sud-ouest de la République Dominicaine et  dans la commune d’Anse-à-Pitres en Haïti. C’est un grand lézard qui mesure en moyenne 49 à 51 cm sans la queue pour les mâles, et 40 à 43 cm pour les femelles, et est de couleur vert grisâtre, marqué de cinq à six larges chevrons gris foncé à noir. C’est un animal essentiellement herbivore qui se nourrit de feuilles, de fleurs et de fruits. Les mâles sont territoriaux, et défendent les femelles avec lesquelles ils s’accouplent au mois de mai à juin. Celles-ci pondent entre deux et neuf œufs qui éclosent 90 à 100 jours plus tard. Comme les autres espèces d’iguanes, la population de Cyclura ricordi est en déclin. Ils sont notamment menacés par la prédation d’animaux introduits sur l’île comme les chats et les chiens, les activités humaines comme l’élevage et le surpâturage du cheptel et le braconnage. C’est pourquoi divers efforts sont faits pour protéger et sauvegarder cette espèce. Il est à remarquer que ce travail d’inventaire a été déjà réalisé par une firme américaine (TNC) dans le cadre d’une étude financée par le Projet ABE

2.- Le Parc National Naturel Lagon des Huitres  qui s’étale sur les communes  Belle-Anse et Grand Gosier

Ce parc s’étale sur une superficie de 9642 hectares dont 2/3 sont terrestres alors que ’1/3 constitue la partie marine. En général, il a un climat sec enregistre 600 mm de pluie annuellement. Cette aire protégée contient des valeurs de conservation comme le Lézard ricordi, le Flamant Rose, les Mangrove, les récifs coralliens et les mangroves.Le Projet ABE a contribué financièrement à la délimitation et au bornage de ce parc. Ces travaux ont exécutés par le Conseil Interministériel pour l’Aménagement du Territoire (CIAT).

3.- La Source Royer sise dans la commune de Thiotte

Dans l’objectif d’atteindre son quatrième résultat qui est la formulation des propositions affinées pour le patrimoine des aires protégées dans les zones côtières et marines, le projet ABE (Adaptation basée sur les Ecosystèmes) préconise la création des aires protégées marines et terrestres au niveau des complexes d’intervention afin d’étendre la superficie des Aires protégées créés dans le cadre du projet de la mise en place d’un système national des Aires Protégées financièrement soutenable (SNAP). C’est dans ce contexte que le site écologique baptisé « Source Royer », faisant partie du complexe Marigot-Massif La selle-Anse-á-Pitres, est l’un des espaces que le projet ABE entend appuyer l’Agence Nationale des Aires Protégées(ANAP), en vue de procéder à la déclaration officielle de ce site comme une aire protégée. Cet espace, de par ses intérêts stratégiques et pertinents du point de vue de la protection de la biodiversité, des ressources en eau, abritant un peuplement important de pins et une source d’eau communément appelée « Source Royer ». Cette source est  extrêmement importante pour l’alimentation en eau de la population de cette commune et pour la conservation de la biodiversité. En somme, cette aire protégée portera le nom de « Parc National Naturel de Source Royer (PNN-SOR) ».

En plus de ces assistances, on a pu observer d’autres actions posées par le projet ABE. En effet, suite à la demande des membres de la communauté d’Anse-à-pitres, le Projet EBA a appuyé sur la base de subventions un projet qui a compris des activités de reboisement, de la préservation des mangroves et de renforcement de la pêche de la commune. Environ 40 familles ont pu bénéficier de ces subventions. Ces actions ont été mises en œuvre par Village Planète.

En outre, le projet ABE a procédé à l’élaboration du plan d’aménagement territorial du versant sud du Massif de La Selle (Département du Sud’Est). En effet,  l’occupation non planifiée du territoire est un des facteurs qui exacerbent la vulnérabilité des communautés face aux risques naturels. Cette tendance inappropriée mais répandue se fait à une telle échelle qu’elle donne naissance à des agglomérations dépourvues d’infrastructures élémentaires. Donc, élaborer des outils de planification territoriale intégrant l’approche « Adaptations basées sur les écosystèmes » s’avère une démarche indispensable pour bâtir des communautés résilientes du point de vue économique, social et environnemental.

Les centres urbains, en dépit de leur proximité, sont le plus souvent caractérisés par des disparités se manifestant par la répartition inégale des activités économiques ou le niveau des salaires par habitant. Le regroupement de ces territoires en région permet une mise en commun des différentes potentialités (agriculture, tourisme, commerce). Toutefois, la région comme territoire d’analyse économique ne possède pas de frontières. La logique d’élaboration de plan d’aménagement et de mise en valeur du versant sud du massif de La Selle se fonde sur la recherche de complémentarité entre les agglomérations urbaines. Le niveau d’attraction de celles-ci varie en fonction de leurs avantages comparatifs. Le plan régional permet donc de définir en se basant sur des pôles de développement un ensemble cohérent du point de vue économique, social et environnemental. Dans cette démarche, le réseau routier représente l’élément essentiel de la connectivité des différents nœuds de cet ensemble cohérent.

Haïti dispose actuellement d’un cadre global d’aménagement du territoire en cours de construction et attente de validation politique, le Schéma National d’aménagement du territoire-SNAT. La plupart des réflexions pour l’aménagement de certaines régions du pays ont été inspirées par la configuration, les aménités et les avantages comparatifs de ces régions. C’est le cas, par exemple, du plan d’aménagement du Nord / Nord’Est, de la boucle centre Artibonite et de la péninsule Sud. Ces plans d’aménagement ne se limitent pas aux frontières administratives et proposent des éléments d’orientation pour l’élaboration des plans d’urbanisme.

De par sa localisation géographique, plus de 93% de la surface d’Haïti et plus de 96% de la population sont exposés à un ou plusieurs risques de catastrophe. Pourtant, très peu de plan intègre l’approche « Adaptations Basées sur les Ecosystèmes ». La prise en compte de cette approche dans les schémas d’aménagement sensibiliserait les décideurs, les élus et la population sur les risques du territoire et sur la conservation de la biodiversité terrestre, marine et aquatique. La connaissance des risques, l’application d’une réglementation adaptée et l’adoption d’une attitude appropriée créeraient des villes et des communautés plus résilientes face aux catastrophes naturelles.

La population urbaine d’Haïti avoisinerait 64% de sa population totale. C’est un changement majeur lorsqu’on sait que ce pourcentage était de 10% dans les années 50. Cet exode rural s’est produit avec très peu de planification urbaine, ce qui engendre des quartiers informels construits sur des zones à risque et sans accès au service de base. Compte tenu du poids des villes en termes de source de perturbation des écosystèmes et d’exposition aux risques, le plan d’aménagement doit aussi avoir un focus sur ces territoires en vue de faire des propositions d’infrastructures susceptibles de réduire les effets des économies d’agglomération et d’augmenter la capacité adaptative des communautés.

Contrairement à un plan de développement d’une section communale, le plan d’aménagement englobe plusieurs communes et donc plusieurs centres urbains. Il mise sur une dynamique de complémentarité entre l’administration de plusieurs communes. Il s’agit d’une approche holistique permettant de prendre en compte les caractéristiques des écosystèmes, des bassins versants, des populations humaines et de leurs activités de production ainsi que des espaces les plus vulnérables face aux effets du changement climatique.

Un plan d’aménagement du versant sud du massif de La Selle selon une approche participative associant l’ensemble des acteurs clés concernés aussi bien au niveau central que local constitue un atout pour le département du Sud’Est, en particulier la commune de Marigot et l’arrondissement de Belle Anse.

Il est à noter que le Projet d’Amélioration de la résilience des écosystèmes et des communautés vulnérables au Changement Climatique et aux menaces anthropogéniques à travers l’application d’une approche de la montagne à la mer de la conservation de la biodiversité et la gestion des bassins versants communément appelé ABE (Adaptation Basée sur les Ecosystèmes) est un projet financé par le GEF (Fonds Mondial pour l’Environnement) et exécuté par le MDE (Ministère de l’Environnement) et le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) de concert avec des partenaires privilégiés. Avec comme territoire d’intervention :

  • le complexe des Trois Baies situé dans le Nord et le Nord-Est du pays,
  • le complexe des Baradères-Cayemites dans les Nippes et la Grand’Anse,
  • le complexe de Marigot – Massif de la Selle – Anse à Pitres localisé dans le Sud-Est du pays ;

Ce projet s’articule autour de deux principales composantes :

  1. Le renforcement de la résilience face aux menaces climatiques dans les principaux bassins versants et zones côtières en passant par l’aménagement des bassins versants et la conservation des sols, la gestion des zones côtières, et la valorisation et la conservation des ressources naturelles.
  2. Le renforcement de la contribution des zones protégées à la conservation de biodiversité et au développement durable dans les zones côtières et marines axé sur une exploitation raisonnée.
  3. En prenant en compte les interactions entre les activités de la ligne de crête au récif, le projet ABE cherche à réduire, tout en conservant la biodiversité menacée dans les bassins versants et les zones côtières et marines, la vulnérabilité des populations pauvres des zones d’intervention aux effets du changement climatique. Ce projet vise donc les résultats suivants :
  • Cadre de gouvernance – politiques, plans et décisions en faveur de l’adaptation basée sur les écosystèmes ;
  • Conservation et gestion efficace des écosystèmes pour renforcer leur résilience et leur fonctionnalité ;
  • Réhabilitation assistée – recouvrement de la fonctionnalité des écosystèmes ;
  • Propositions affinées pour le patrimoine des aires protégées dans les zones côtières et marines ;
  • Renforcement des instruments et des capacités en vue de la gestion efficace des aires protégées.
  • Nouveaux moyens de subsistance afin de réduire la pression sur la biodiversité côtière et marine ;

Robenson EUGENE

Photographe et rédacteur

Téléphone : (509) 3420-2894